Sugusland (ok)

Article initialement paru en 2005 sur le magazine de l'Homme Moderne,
Comme le temps est passé depuis et que la démo n'a pas donné lieu à un album (nous n'avons plus de nouvelles du groupe non plus) il est temps maintenant de vous faire écouter l'intégralité de celle-ci, qui n'a pas vraiment pris une ride...



Sugusland
Entrevue par mail avec Miguelito Lovelace, février 2005
   Punk un jour, punk toujours ! Après avoir joué dans Noise Gate, Christophe Petit a fondé le label Noise Product qui a entre-autres amené à connaître Dionysos. De retour aux affaires, il nous présente son nouveau groupe, Sugusland, dans l'entretien suivant.
 Pour commencer par une question triviale, que signifie Sugusland ? Et comment décris-tu la musique ?
Ce n'est pas un parc d'attraction !!! Bien que... une bonne partie des morceaux sont un peu comme des montagnes russes et diverses attractions, à chacun de les essayer et de se prendre des émotions et des flash. C'est le territoire d'expression libre musicale, politique et émotionnelle des membres.
Le Sugus est un bonbon qui nous rappelle une partie de notre enfance, il a plusieurs goûts, est très suave mais aussi très dur. Ces particularités peuvent être adaptées à notre musique. De plus c'est aussi un clin d'oeil un peu kitsch à notre pays d'accueil car nous sommes tous d'origine étrangère (belge, italien, français, brésilien), Sugus étant au départ un produit d'un grande firme agro-alimentaire suisse. On peut donc délirer un long moment dessus. C'est surtout un espace de liberté que nous voulons ouvert à toutes les expériences et dont nous espérons ne pas encore avoir tout découvert. Nous désirons aussi amener le public à venir y faire une petite expédition.
Il m'est difficile de décrire la musique que nous faisons car elle n'a pas d'autres objectifs de nous faire plaisir et de nous permettre de sortir nos tripes autrement que dans des activités de la vie sociale quotidienne. Pour ma part j'ai toujours considéré l'implication de la personnalité du musicien plus importante que le style de musique. Celle-ci doit transpirer un vécu, elle est un vecteur de transmission. Même si nous aimons les chansons pop bien ficelées mais il m'a toujours été inimaginable de ne pas faire une musique dure et écorchée. Dans Sugusland, nous mettons un point d'honneur à poser des mélodies, à construire des ambiances douces contrastées par des moments puissants, parfois brutaux de par les cassures opérées dans les structures mais jamais violents gratuitement.
Quelques années après avoir arrêté Noise gate, on te retrouve de nouveau à jouer (et c'est une bonne nouvelle). Qu'est ce qui t'a donné envie de revenir à ces premières amours ?
Tant mieux que cela fasse plaisirs à d'autres gens qu'à moi-même. Je ne vais pas vous faire une description de ces 10 dernières années. Nous avons arrêtés Noise Gate car nous avions chacun envie de vivre autre chose en tant que personnes, de plus j'étais parti habiter à Genève et ma première fille était née à la sortie du dernier album, j'avais donc d'autres aspirations. Nous avons tourné une belle page de notre adolescence, 12 ans d'aventure et de rencontre, la réalisation de beaucoup d'objectifs personnels. J'ai donc profité de ce répit pour me consacrer à ma vie de famille, au graphisme et à la montagne ainsi qu'au développement du label Noise Product avec mon beau-frère Alban. Nous avons mis ce projet entre parenthèse, à nouveau, pour avoir chacun les mains libres de nous consacrer à d'autres choses. Car il faut savoir que tout ce que j'ai fait au niveau musical (groupe, label..) n'a toujours été qu'un engagement bénévole (depuis le début de Noise Gate et Noise Product en 1984). Au final notre plus grande fierté est notre indépendance, et notre fortune accumulée la liberté de choisir ce que nous faisons.
Je trouve, en tant que père de famille, que c'est cool de pouvoir montrer ce type de chemin à ses enfants en leur faisant aussi découvrir la face cachée de cette liberté.
Le temps que je consacrais au label (à peu près 3 après-midi par semaine plus les week-ends), je l'ai transféré pour remonter un groupe. J'avais un énorme besoin de m'exprimer musicalement, de reprendre la basse, de monter sur scène. Cela fait partie de moi. Le jour où je serais apaisé peut-être que je n'en aurai plus besoin...
 Comment s'est produite la rencontre des musiciens qui composent Sugusland, et comment est venue l'idée de jouer ensemble ?
J'ai répondu à une annonce...
Bien sûr que non, J'avais beaucoup d'affinités musicales avec Lolo (guitariste /chanteur) qui était bassiste chanteur de Redfish (3 Albums sur Noise Product). Nous avons donc décidé de nous voir quelques heures par semaine pour jouer ensemble, il a recontacté Sandro (le batteur de Redfish) et nous avons fait du bruit comme de vrais ados... Cela nous faisait trop plaisir. Aucun style n'était déterminé, seule l'envie de jouer ensemble nous motivait et surtout aussi les mêmes attentes. Nous avons tous la même culture musicale de base punk-new wave- grunge-emocore-stoner... tout ce que la musique électrique a fait depuis 25 ans, chacun avec des affinités pour un style ou l'autre. L'envie était de se donner la liberté de ne plus nous préoccuper des styles mais avec un but : écrire des chansons (couplet / refrain)  décérébrées mais tout à fait ludiques aussi car le Jazz-rock c'est esthétiquement beau mais cela ne vaut pas un pogo.
J'adore toujours autant ces concerts d'où l'on sort vidés physiquement. Je fais une grande différence entre la musique pour écouter, la musique qui se vit et celle qui s'analyse. Je préfère la musique qui se vit surtout en live. J'avais envie de faire quelque chose de plus pop que Noise Gate, Lolo avait envie de quelque chose de plus brut...
Au bout de quelques mois, nous voyons que la sauce prenait mais qu'il nous manquait une couleur, j'ai contacté Chico (graphiste lui aussi) et puis c'est parti de suite bien qu'il soit plus jeune que nous et ait une culture rock plus  "brésilienne". C'est sa première expérience de groupe.
 En écoutant la démo, j'ai beaucoup pensé à Shellac. Est-ce que tu es d'accord ?
J'en suis très flatté. Il est clair qu'inconsciemment nos oreilles traînent depuis longtemps dans l'univers de M. Albini. Je ne peux avoir le recul mais il est clair que nous nous apparentons plus à ce son brut. Un bon son brut, une prise crade mais intense vaut mieux que toutes les productions.
Nous avons travaillé ainsi, privilégiant le son de nos amplis repris par de très bons micros. Nous avons enregistré au local de répétition sur un mac en 5-6 jours et mixé chez David Weber (Studio des Forces Motrices) en une journée. Lui aussi est un grand fan de Shellac...
 Peux tu nous parler de ta relation avec Ian Mc Kaye ?
Je suis juste un très grand fan de Fugazi et de leur manière d'aborder la musique, l'énergie des concerts..., j'ai vu un certain nombre de leurs concerts depuis le début. Vu la démarche que nous avions avec Noise Gate (label, sono, studio d'enregistrement, tournée, support et entraide des scènes locales...) on m'a souvent comparé à Ian Mac Kaye. Mais n'étant pas du type groupie, je ne l'ai que croisé. Par contre, je le respecte énormément et j'aimerai un jour peut-être collaborer, avec l'angoisse  que nous soyons trop similaires.
 Toujours au niveau des influences musicales, tu m'avais parlé il y a quelques années du concert des Undertones que tu avais vu à Bruxelles. Est-ce toujours un moment inoubliable pour toi ?
C'est certainement un de mes plus grand moments du R&Roll. 78-79, concert gratuit sur la Place de la Monnaie à Bruxelles, un place noire de punks, babas... et de cordons de flics ... Le punk soufflait le frais. Pogo général... Cela restera un grand concert punk ; j'en avais vu d'autres avec des formations belges mais là c'était une autre dimension et l'ambiance y faisait beaucoup. On avait l'impression d'être en connection avec un truc. J'ai beaucoup d'autres très bons souvenirs de concerts mais celui-là garde un parfum particulier. Cette musique punk de la fin 70 était vraiment cool, sans prétention et urgente, même quelque part un peu naïve. L'identification facile à ces groupes nous permettait de pouvoir monter nos propres groupes sans complexes, la revendication de l'indépendance discographique, la création des fanzines, des petites structures de distribution... amenaient un climat créatif qui a permis l'émergence de plein d'artistes dans des horizons totalement différents. Certains des gens actifs à ce moment le sont encore d'une manière ou d'une autre car on vivait notre musique. Le public ne consommait pas les groupes, il les supportait.
 Qu'est ce que l'expérience de patron de label (Noise Product) t'a apporté avec le recul ? Quelles en sont les plus grandes satisfactions (et les plus grands regrets si il y en a) ?
Patron est un bien grand mot pour un activiste bénévole. Noise Product a toujours été une Association à But Non Lucratif que ce soit à sa création en Belgique en 1984 ou lors de la création en Suisse en 91. Avoir bossé sur Noise pendant près de 17 ans, c'est s'être donné les moyens d'exister, de faire exister des musiciens que l'on aime et d'avoir réalisé des projets avec des gens que l'on apprécie. C'est d'avoir continué ce que la vague punk avait amorcé. Me demander cela équivaut à me demander ce que m'a apporté ma vie pendant tout ce temps : être allé au bout de mes capacités de réaliser un rêve : celui de jouer dans un groupe, de faire des disques, des concerts... et d'avoir aidé d'autres à le faire. J'aime regarder le futur et Sugusland en fait partie. Je pourrais réactiver Noise Product  à cet effet. Ma plus grande satisfaction est d'être resté indépendant, autofinancé et d'avoir pu avec Alban, Stéphane, Bernard, rOlivier, Michael, Pié-Pié, offrir le service que nous pensions être le plus proche de nos idées de base et que cela reste une passion.
Une autre est d'avoir sorti des artiste de style clairement opposés. Trouver le liens entre Noise Gate, Les Jeunes et le Goz of Kermeur (Jazz-core), Kill The THrill, Vomitose (grind-métal), De Puta Madre (Hip-Hop), Eastwood, Sinner DC (pop-punk à ses début), Shovel, Dionysos, Subtone Trio (Electro-jazz) ?
No regrets, on a toujours fait ce que l'on voulait, c'est un choix de vie. On l'a assumé aussi parfois. Une autre satisfaction est de voir un artiste comme Dionysos s'être développé ainsi.
 Pourquoi avoir mis entre parenthèse Noise Product ?
Nous l'avons mis entre parenthèse car vu la manière dont la musique est diffusée actuellement et consommée, nous devons penser à d'autres schémas de productions et diffusion, les disques et la distribution classique ne sont plus trop de mise. Alban et Antoine ont opté pour un label appelé BRUIT ( www.bruit.biz ) qui ne sort que quand on en a envie des Objets comportant de la musique à tirage limité (le premier projet étant un cadavre exquis musical emballé dans une pochette en béton). Je pourrais réactiver Noise Product pour diffuser la musique différemment mais avec le groupe je n'ai plus beaucoup de temps libre.
 Quels sont les projets d'enregistrements et / ou de tournée ?
Tout est bon à prendre. Bien sûr qu'on aimerait tourner un peu. Proposez-nous des choses. J'aimerai finaliser un album pour la fin de l'année. Le truc est que l'on n'est pas pressé car on a compris un truc c'est que si notre manière de s'exprimer est sincère, elle passe outre le temps et les modes.
 Contact : Christophe Petit, 13 rte du  bois des frères, 1219 Le Lignon Suisse
  

Mauvais Garçons - Anthologie 1987-1992 (cassette) (ok)


Sortie au tout début des années 90 en autoproduction, cette cassette visait à offrir une sorte de rétrospective des meilleurs moments de la carrière des MG.
C'est pourquoi on y retrouve la plupart des "hits" de la première période, certains en live et d'autres en studio.

Cette cassette est disponible en différents niveaux de qualité chez archive, avec scans des pochettes

Enjoy

pour écouter c'est ici :